En confinement avec Prem Rawat, 54e jour
Compte à rebours pour le Programme d’éducation pour la paix
Réveiller l’espoir
Prem répond à des questions
Le Cap, Afrique du Sud
MC
Vous parlez d’être attirant et du fait que nous générons une énergie qui attire les autres, mais que cela doit commencer en nous.
Et la question suivante - nous avons d’ailleurs discuté pour savoir lesquelles choisir parmi toutes celles que nous avions reçues - a frappé tous ceux qui étaient dans les coulisses et je crois qu’elle va aussi tous vous frapper. J’espère aussi que la personne qui l’a posée va vraiment être attentive et noter la réponse.
Voici cette question: « Comment peut-on s’aimer soi-même quand on a commencé à se croire laid et raté ? »
Prem Rawat
Heureusement ce n’est pas un fait mais seulement une croyance. Les croyances peuvent changer. En fait, vous pouvez croire tout ce que vous voulez, mais quelle est la réalité ? Quelle est la réalité ? La réalité est que l’obscurité n’est jamais loin de la lumière.
La dernière fois que vous avez appuyé sur l’interrupteur pour allumer la lumière dans une pièce, combien de temps a mis l’obscurité pour disparaître ? Vous allumez l’ampoule et cela tourne comme dans un siphon ou une chasse d’eau? Non.
L’obscurité n’est jamais loin de la lumière, la lumière n’est jamais loin de l’obscurité. La joie n’est jamais loin de la tristesse et la tristesse n’est jamais loin de la joie. Elles marchent main dans la main.
Quand vous entrez dans une salle de bain et que vous fermez la porte à clé pour plus d’intimité, croyez-vous être seul ? Non. Votre colère, votre peur, vos doutes sont entrés avec vous. Même si vous réservez une seule place dans un bus ou un avion, votre colère, votre peur, vos doutes sont toujours là ! Toujours, toujours !
Mais il en va de même pour la bienveillance, pour la compréhension, pour la gratitude. Elles sont là aussi. Car elles sont l’autre côté de la même pièce de monnaie !
Vous devez savoir ceci : si vous n’avez expérimenté que votre laideur, c’est que vous n’avez pas retourné la pièce. Vous devez retourner la pièce, car de l’autre côté de cette pièce, il y a une incroyable beauté.
Et quelle est cette beauté ? Quelle est cette beauté ? Une personne avec des traits symétriques ? Une star ? Qu’est-ce que la beauté ? Parce qu’en réalité tellement de stars de cinéma, belles à tomber par terre, passent parfois des heures à se regarder dans le miroir en se demandant : « Oh mon Dieu, suis-je belle ? Suis-je belle ? »
Vous êtes celui qui regarde. Si vous ressentez, en vous - j’en reviens toujours là et c’est une super question car elle me donne plus de munitions pour mon livre - voilà pourquoi vous devez vous connaître vous-même !
Socrate a dit : « Connais-toi toi-même ». Vous devez vous connaître vous-même. Pourquoi devez-vous vous connaître ? Parce qu’alors vous pourrez faire l’expérience de votre propre beauté. Voilà pourquoi vous devez vous connaître.
Il y a un milliard de raisons, je crois, 7 milliards et demi de raisons sur cette terre pour lesquelles vous devriez vous connaître vous-même. Si chacun se connaissait, je pense que le monde serait dans une situation très différente.
Car la beauté que vous concevez dans votre esprit est différente de ce que vous êtes en vérité. Et vous avez cette beauté.
Peu importe ce que les autres vous disent, vous êtes pire qu’eux puisque vous êtes toujours en train de vous dire : « Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau… »
Cette beauté ne sera plus là un jour. Devant la même chose qu’ils aimaient embrasser, les gens diront : « Oh, non, pas question. » Donc elle n’est pas là. La beauté n’est pas là. La beauté est ici, dans votre cœur, en vous-même.
MC
Je pense que cheminer vers soi-même et parvenir à voir la beauté qui est en nous, cela a à voir en partie avec le fait de se pardonner.
L’une des questions qui ont été posées est : « S’il est déjà difficile de pardonner - et pardonner à quelqu’un d’autre est difficile, alors le demander à la personne que l’on connaît le mieux, celle que l’on juge probablement plus que toute autre, l’est encore plus - comment se pardonner à soi-même ?
Prem Rawat
C’est une très belle question parce qu’il est très important d’être capable de se pardonner. Laissons de côté la notion de se pardonner à soi ou à quelqu’un d’autre. Parlons juste du pardon, de ce qu’est le pardon.
Beaucoup de gens pensent : « Le pardon c’est autoriser la médiocrité, cautionner l’erreur d’une autre personne. » Ce n’est pas cela le pardon. Le pardon, c’est couper la relation avec l’action qui vous tire vers le bas.
Donc, quelqu’un vous a fait quelque chose de terrible. C’est arrivé il y a longtemps mais cette personne a encore une emprise sur vous. Elle a encore une emprise sur vous. Parce que chaque jour où vous vous réveillez, ou peut-être dans un moment de solitude, vous maudissez cette personne, vous pensez à cette personne, cette personne est encore connectée avec vous.
Le pardon consiste à dire : « C’est fini. Tu n’auras plus de contrôle sur moi. Je veux récupérer ma vie. Je veux récupérer ma vie et je ne te permets plus de me hanter ! » Voilà ce qu’est le pardon.
C’est ça le pardon. Le pardon est très puissant. C’est vraiment dire : « Non ! C’est ma vie, merci beaucoup. » C’est la récupérer, la récupérer. Car si vous ne le faites pas, l’emprise sera toujours là.
Et ce que cela vous fait, ce que cette emprise vous fait, ces griffes plantées en vous vous mettent en colère, vous font peur, vous bloquent, vous empêchent d’aller de l’avant, vous empêchent d’apprécier.
Vous ne pouvez pas vous permettre d’être une victime. Pour certaines choses, vous ne pourrez jamais dire : « Allez, c’est bon. » Mais c’est vous qui pouvez permettre ou non que les griffes de cette personne et son action continuent à vous agripper. Si vous ne le voulez plus, utilisez l’épée du pardon et libérez-vous. Allez de l’avant.
Je comprends que parfois c’est plus facile à dire qu’à concrétiser réellement dans votre vie. Mais au moins vous pouvez commencer à entailler le lien.
Peut-être le lien est-il costaud et n’arriverez-vous pas à le couper en un jour. Mais au moins commencez à l’entailler, commencez à comprendre que vous avez le pouvoir de trancher ce lien. Voilà ce que signifie pardonner. En fin de compte, un jour, vous aurez affaibli ce lien et il sera coupé. Mais il faut commencer. Il faut commencer à le comprendre.
Car plus on s’exerce à faire quelque chose, plus on y arrive. Exercez-vous, exercez-vous à être vous-même. Mais il y a un problème car si vous ne savez pas qui vous êtes, comment pouvez-vous vous exercer à être vous-même ? Ce qui nous ramène au point de départ !
Oui, connais-toi toi-même.
MC
Je suis très content que vous ayez apporté cet éclairage. Vous avez utilisé plusieurs mots mais le mot « victime » est revenu souvent dans beaucoup de questions. « Comment dépasser le sentiment d’être une victime ? » ce qui est typique du contexte sud-africain et, comme vous l’avez expliqué, ce qui est un sentiment partagé dans le monde entier…
Prem Rawat :
Quelqu’un doit continuer d’essayer, que ce soient les citoyens de ce pays, malgré des faits absolument, absolument cruels et effroyables. Le bon en nous doit continuer d’essayer. Voilà la victoire.
Il y a deux sortes de victoires. Dans l’une, vous gagnez mais il faut un perdant. Mais quand il s’agit de la victoire sur vous-même, alors vous gagnez et il n’y a pas de perdant. Personne ne perd.
Et donc oui, malgré ces horreurs, il y a l’espoir. Et si nous, les êtres humains, pouvons tomber aussi bas en agissant ainsi, alors nous, les êtres humains, pouvons également nous élever au point de les empêcher de se produire.
Cela dépend donc de nous. En fin de compte, nous en arrivons toujours au fait que nous avons un rôle à jouer. Nous avons un rôle à jouer Et nous attendons…
Combien de gens, et je ne devrais pas poser cette question parce que j’en connais la réponse, mais sincèrement, sincèrement, car j’englobe toute l’humanité, je vous demande sincèrement de vous poser la question : « Combien d’entre vous attendent que les autres changent ? »
C’est la maladie la plus répandue dans le monde, tout le monde attend que les autres changent. Non, c’est vous qui devez changer. Que les autres changent ou pas, changez. Ensuite ils verront que changer c’est bien.
C’est le moment d’être responsable, trouvez la paix dans votre vie, sachez qui vous êtes. C’est le moment ! Si vous voulez que ces choses s’arrêtent, elles peuvent s’arrêter. Ce n’est pas… Ce n’est pas l’œuvre de Dieu. Ce n’est pas : « Ouais, c’était son karma ». Quelles explications stupides ! Ce sont cinquante années d’expérience qui parlent.
Combien d’entre vous croient que quelqu’un là-haut contrôle notre destinée et que nous ne sommes qu’une marionnette ? Car c’est ce que l’on nous apprend. Nous ne le savions pas, nous l’avons appris.
Voilà qui permet d’expliquer tous nos malheurs : « Les voies de Dieu sont mystérieuses. » et nous répétons: « Les voies de Dieu sont mystérieuses. » Et je dis, c’est tout ? Voilà votre explication ? Il est mystérieux ? Pourquoi Dieu serait-il mystérieux ?
Il y a une seule manière de chasser l’obscurité. Nous ne pouvons pas utiliser un seau vide pour enlever l’obscurité. Prendre un seau vide, le remplir d’obscurité et la jeter par la fenêtre, ça ne marche pas. Désolé. La seule manière d’enlever l’obscurité, c’est de faire entrer la lumière.
Est-ce que je vois de l’espoir ? Oui je vois de l’espoir. J’ai vu de l’espoir quand je suis entré dans cette école. Il y avait ces jeunes enfants, si mignons, de petits enfants. Et j’ai vu l’espoir en eux. Et vous devez aussi trouver l’espoir. Vous devez connaître la fin de l’incertitude, la fin de la peur pour connaître la fin de la colère.
MC
Vous m’avez aidé à réveiller l’espoir ce soir, je sens que vous avez aidé à réveiller l’espoir dans le public et j’espère que vous avez reçu un peu de cet amour de notre part. Quel plaisir, quel privilège !
Prem Rawat
Merci
MC
Merci, merci beaucoup