En confinement avec Prem Rawat, 71e jour
Compte à rebours pour le Programme d’éducation pour la paix.
Umhlobo Wenene FM Radio
Johannesburg, Afrique du Sud.
Zizo et KCi
Interview de Prem Rawat
Zizo Beda :
J'aimerais savoir si, lorsque vous enseignez les principes de la paix, vous pensez qu'il est important que les dirigeants des nations adhèrent à cette idée afin que les gens puissent aussi en bénéficier. Ou bien vous adressez-vous davantage aux individus ?
Prem Rawat :
Permettez-moi de clarifier une chose. Je n'enseigne pas et je ne prêche pas. C'est absolument hors de question pour moi.
Tout ce que je veux faire, tout au plus, c'est dire aux gens des choses qui évoqueront quelque chose en eux afin qu'ils pensent par eux-mêmes, qu’ils comprennent que « oui, la paix a toujours été en moi, si je ne ressens pas cette paix, c'est à cause des obstacles que j'ai créés, pas crées par quelqu'un d'autre mais que je me suis créés. »
Une distraction, vous savez, doit être attractive, parce que la distraction fait peut-être quelque chose qui fait qu’on est attiré par cette distraction. Et cette attraction nous éloigne de ce vers quoi on veut être attiré.
Pour être parfaitement sûr, un bâtiment repose sur des fondations. On ne voit pas les fondations, personne ne les décore parce qu'elles sont enterrées, mais la structure de ce bâtiment, en fait, l'intégrité de ce bâtiment ne dépend pas de ce que vous voyez, mais des fondations.
Alors, sur quelles fondations repose un être humain ? Voulez-vous être heureux ? Je ne vois personne aller dans une église, dans un temple, prier un Dieu et dire : « Dieu, c’est trop beau, je suis trop heureux, s'il te plaît, fais quelque chose pour diminuer ce bonheur ». Quand on est triste, c’est ce qu’on fait, on dit : « C'est trop triste, je veux me débarrasser de la tristesse. »
Qu'est-ce que ça vous dit ? Que nous aimons être satisfaits, que nous aimons être heureux, que nous aimons être en paix, nous aimons être joyeux, nous aimons la clarté d’esprit. Et nous n'aimons pas la confusion, nous n'aimons pas la colère, nous n'aimons pas la peur, nous n'aimons pas ces choses-là. Mais elles sont toutes en nous, absolument. Si vous permettez, je peux vous raconter une petite histoire, si ça vous va.
Zizo Beda :
Bien sûr, oui.
Prem Rawat :
Il y avait une fois une communauté, beaucoup de gens vivaient dans cette communauté et il y avait un chef. Un jour, un jeune enfant vient voir le chef et lui dit : « Chef, j'ai une question, quelque chose me surprend. » Et le chef demande : « Quoi ? »
L’enfant dit : « Parfois je vois que les gens sont bons, et d’autres fois les mêmes personnes sont mauvaises. Comment est-ce possible ? Soit une personne est bonne, soit une personne est mauvaise ! Mais parfois les mêmes personnes sont bonnes et parfois elles sont mauvaises. »
Et le chef répond : « C'est parce qu'il y a deux loups en nous, un bon et un mauvais loup, et ils se battent. » Alors le garçon réfléchit et dit : « Pourquoi se battent-ils ? » Le chef dit : « Pour pouvoir te contrôler, pour te dominer. »
Alors le garçon réfléchit et dit : « Chef, dites-moi, quel loup va gagner ? » Et le chef dit : « Celui que tu nourris. » Donc, si on nourrit le méchant loup, le méchant loup devient fort.
Et beaucoup de gens pensent : « Il faut battre le méchant loup. » Battre le mauvais loup n’aidera pas le bon loup, il faut nourrir le bon loup ! Battre le méchant loup ne changera rien.
Parfois, on se laisse prendre et on se dit : « Si on pouvait juste retirer l'obscurité de la pièce, il y aurait de la lumière, n’est-ce pas ? » Non, on ne peut pas prendre un seau, essayer d'enlever l'obscurité... et ensuite espérer qu'il y ait de la lumière. Non, faites entrer la lumière et l'obscurité disparaîtra automatiquement.
KCi : [homme]
Alors, comment s'y prendre ? Il est évident qu’il faudra faire des sacrifices...
Prem Rawat :
Non, pas de sacrifices. Parce que vous l'avez déjà.
Il y a une énorme différence entre essayer de créer la paix et essayer de découvrir la paix dans votre vie. Je parle de découvrir, pas de créer. Si on doit créer quelque chose, ça signifie que ce n'est pas déjà en nous, mais la paix est déjà en nous.
Zizo Beda :
Oh la la, c'est profond.
KCi :
C'est plutôt trouver une chose qui est déjà là.
Prem Rawat :
Exactement, c'est une découverte, c'est une découverte, pas une création.
Texte à l'écran :
Le facteur bonheur
Prem Rawat s'adresse à des enfants à Sebokeng en Afrique du Sud
Prem Rawat :
Je veux vous présenter une idée très simple et ce n'est pas une idée, c'est un fait. Et le fait est : « De la pensée vient l'action. » Quand la pensée est bonne, l'action est bonne, quand la pensée est confuse, l'action est confuse, quand la pensée est mauvaise, l'action est mauvaise.
Or, une mauvaise action blesse non seulement les gens qui vous entourent, mais elle vous blesse aussi. C'est pourquoi il est si important d'avoir une pensée qui est bonne, claire, simple, belle. Pour que l'action qui naît de cette pensée soit aussi belle, aussi simple, aussi profonde.
Alors, de quoi avez-vous besoin pour être heureux ? Premièrement, vous avez besoin d'espoir. Quand vous vous réveillez le matin, vous devriez être heureux d'être en vie ! L'êtes-vous ? Vraiment ? Vous êtes sûr ? Allons, vraiment ? Vraiment ?
Vous n'êtes jamais déçu ? C'est le problème. Nous disons « oui », vous vous souvenez de ce dont je viens de parler : « D'abord, la pensée, ensuite l'action » ? Vous dites « oui » mais sans réfléchir. Parce que la plupart des gens croulent sous les responsabilités.
Quand vous n'avez pas fait vos devoirs, avez-vous hâte d'aller à l'école ? Et ne faut-il pas se réveiller avant d'aller à l'école ? Et le jour où il faut aller à l'école et que vous n’avez pas fait vos devoirs, avez-vous hâte d'aller à l'école ?
Alors, comment pouvez-vous avoir de l'espoir ? Comment pouvez-vous être heureux ? Vous ne l'êtes pas. Vous faites plutôt... »
Quand on est adulte, on n'a pas de devoirs à faire, on a des responsabilités. Et quand on se rappelle ces responsabilités, nous aussi, on commence à perdre espoir.
Parce qu’on affronte ces responsabilités, on affronte ces responsabilités, on affronte ces responsabilités et ça ne s'arrête jamais, quelque chose de nouveau surgit, quelque chose d’autre surgit, quelque chose de différent surgit, et nous frappe, nous bat, et nous non plus, nous ne voulons pas nous lever. Et alors, nous perdons espoir.
Mais l'espoir est important ! L'espoir est important car, sans espoir, une personne ne peut pas s'épanouir, ne peut pas briller, ne peut pas être heureuse. Nous devons nous sentir à notre place. Les jeunes de ce pays et du monde entier perdent espoir, ils ne se sentent pas à leur place. Et lorsqu'ils ne se sentent pas à leur place, la tristesse, la peur, la colère, la déception prennent la place de l'espoir.
Ce n'est pas seulement la prospérité, ce n'est pas seulement la réalisation de nos idées qui devrait nous apporter l'espoir, mais la réalité, la réalité d'être vivant, voilà ce qui devrait nous apporter l'espoir. La réalité d'avoir la paix en nous, voilà ce qui devrait nous apporter l'espoir, le courage qui réside dans notre cœur devrait chaque jour nous apporter l'espoir et la compréhension.
Donc, il faut de l'espoir et de la gratitude pour être heureux. Quel genre de gratitude ? Les parents apprennent à leurs enfants à dire « merci ». Si quelqu'un leur donne quelque chose, les parents disent : « Dis merci. » C’est vrai, n’est-ce pas ? Et parfois on voit un petit enfant dire merci, l’enfant fait “merci”. On lui apprend seulement les bonnes manières, pas le sentiment de gratitude.
Qu'est-ce que la gratitude ? La gratitude, c'estquand quelqu'un fait quelque chose de bien pour vous, de vraiment bien pour vous, et que ça vous procure du bien-être, que vous prenez un peu de ce bien-être ressenti et que vous le rendez à cette personne. C’est ça la gratitude, la vraie gratitude.
Donc, on enseigne les bonnes manières et il n'y a pas de mal à ça, on doit apprendre les bonnes manières, mais on doit comprendre le vrai sens de ce “merci”.
Donc, avoir le cœur plein de gratitude, de compréhension, d'espoir, c'est ce qui nous rapproche du bonheur dans la vie. De quoi d'autre a-t-on besoin pour être heureux ? On a besoin de savoir qui on est. Si on ne sait pas qui on est, comment peut-on savoir de quoi on a besoin ? Comment peut-on savoir ce qui nous rend heureux ?
Voilà, voilà ce que je suis venu vous dire. Vous vivez avec vos problèmes tous les jours. Vous grandissez avec vos problèmes et quand vous grandissez, vous commencez à croire que vous êtes aussi un problème ! Mais vous n'êtes pas un problème, vous avez peut-être des problèmes, mais vous n'êtes pas un problème.
2e Partie :
Vous êtes un être humain, le cadeau parmi tous les cadeaux possibles, le cadeau que vous recevez, le cadeau d’être en vie chaque jour, voilà ce que vous êtes, pas vos problèmes, pas vos idées, pas vos déceptions. Vous êtes un cadeau, et la paix que vous recherchez n'est pas sur une montagne, la paix que vous recherchez est déjà en vous, déjà en vous.
Les gens disent, ils disent : « Si la paix est en moi, comment se fait-il que je ne le sache pas ? Si la paix est en moi, pourquoi est-ce que je ne le sais pas ? » Alors, je vous demande : « Est-ce que j'ai un mouchoir ou pas ? » Je vous pose une question simple. J'en ai un ! Vous le voyez ? Alors, comment le savez-vous ? Vous devinez ?
Voyez ! Voyez ! Vous pensez maintenant, n'est-ce pas ? « Est-ce qu'il a un mouchoir, est-ce qu'il n'a pas de mouchoir ? Où est le mouchoir ? De quelle couleur est le mouchoir ? » N'est-ce pas ?
Vous pensez, pensez, pensez, pensez, non ? Et vous pouvez penser toute la nuit et penser toute la journée demain, et penser, penser, penser, sans jamais savoir.
Voulez-vous connaître ce que représente le fait desavoir ? Voyez-vous l’importance de savoir ? Oui ou non ? Il s’agit de ça. Maintenant vous savez ! Il est blanc et il est dans cette poche, juste ici ! Et oui, j'ai un mouchoir. Et maintenant, vous pensez encore ? Fini ! C'est ça, savoir.
Alors, tout le monde demande : « Qu'est-ce que la paix ? Où est la paix ? Pourquoi est-ce que je ne le sais pas ? » Parce que vous n'avez pas ressenti la paix. Vous devez ressentir la paix. C’est comme pour ça ! Ne pas penser à la paix, le monde pense à la paix, c'est pour ça qu’il n'aura jamais la paix, parce que la paix ne se pense pas. La paix, c'est voir, savoir, ressentir ! C'est ça, la paix.
Alors, pourquoi ne le savez-vous pas ? Parce qu'elle est cachée. Pourquoi est-elle cachée ? Qui la cache ? Votre ignorance, vos idées, vos idées la cachent.
Supprimez cela et soyez l'humain qui sait. Ressentez, comprenez qui vous êtes, et vous ressentirez la paix en vous.
Donc voilà ce que ça demande pour être vraiment heureux, pour avoir de l'espoir, pour avoir de la gratitude, pour se connaître soi-même et pour ne pas dépendre des autres, pour se tenir sur ses propres jambes.